mardi 27 novembre 2007

Compte de mots – 27 novembre




Drive baby, drive...

Je viens de terminer la lecture d’un roman que j’ai adoré - et que l’on pourrait qualifier d’autofiction avant la mode : « Girl Driver » de Jan Kerouac (1952-1996). Ce roman, dont le titre original est « Baby Driver » - tiré d’une chanson de Paul Simon - c’est ni plus ni moins que la vie plutôt tumultueuse de la fille de Jack Kerouac. Celle qui ne devait voir son illustre de père que deux fois sa vie durant, avait, en plus de la ressemblance physique, le même goût pour une vie d’errance, de liberté, en plus du talent pour l’écriture.

Girl driver n’est pas un roman linéaire, avec une histoire de A à Z ; d’un chapitre à l’autre, on passe de la jeunesse de Jan à ses escapades toujours plus au sud dans son adolescence. Le procédé, quoi que pas nouveau, prends ici toute sa force avec la facture de l’écriture qui se rapproche de l’oral, voir du conte, comme savais si bien le faire Jack Kerouac.
En lisant le « roman » (un récit en fait), on ne se demande pas pourquoi Jan Kerouac est morte si jeune, à l’âge de 44 ans : comme son alcolo de père (l’expression est de elle) Jan Kerouac a brûlée la chandelle par les deux bouts, abusant d’alcools, de stupéfiants, trouvant dans la prostitution un moyen efficace de faire de l’argent – pour se payer un fix d’héroïne ou le loyer - se nourissant mal et peu.

Un gros bémol cependant – et Jan Kerouac n’y est pour rien : la traduction n’est vraiment pas fameuse* (bâclée même, le traducteur hésitant entre conserver le « slang » et le « bon » parler). Les renvois en bas de page sont dignes d’un martien débarquant pour la première fois dans la société américaine (l’interprétation que fait le traducteur du Thanksgiving va demeurer dans les annales martiennes). De plus, le traducteur omet de traduire des phrases complètes en espagnol, mais traduit des expressions ou mots facilement compréhensibles ! Mais si le travail d’édition fut bâclée, le pire, c’est le travail de montage que j’ose qualifier poliment de pourrie ! : des espaces de trop entre les mots, l’absence de virgules, des renvois de bas de page en plein milieu de la page... Bref, un travail bâclée à toutes les étapes. Un livre bâclé comme on en retrouve trop aujourd’hui (pourtant, le livre fut imprimé en 1983. Comme quoi, le sabotage d’un livre pour sauver des coûts de production n’est pas une invention toute récente...).

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* et que penser du titre traduit de l’anglais par... de l’anglais ! Mais alors, pourquoi changer de titre ? N’importe quoi je vous dis !


Jan Kerouac
Girl driver
Traduction de « Baby Driver » de Robert Pepin
Éditions Denoël
Collection Romans Traduits
France, 301 pages, 1983
ISBN : 9782207228913
CCR : 112.re/KER

4 commentaires:

Mrs Pillsbury a dit...

Tu me donnes envie de lire ce bouquin ! Un jour ma retraite arrivera, ta ta da li la !

Je te dis aussi merci pour les livres. Je vais mettre un commentaire sur mon blogue ce soir, avec photos à l'appui !

Bob August a dit...

>Tu me donnes envie de
>lire ce bouquin
Je t'assure que tu y trouveras du plaisir à lire sa vie, il faut bien l'avouer, sort de l'ordinaire.

>Je te dis aussi merci pour
>les livres.
Le plaisir de lire c'est aussi le plaisir de partager... Je souhaite que ton petit bonhomme de fils devienne en grandissant un grand lecteur. Et je n'en doute pas, il sera aussi un grand séducteur auprès de la gent féminine car il est tout mignon.

Grominou a dit...

Je vois que tu as eu toi aussi maille à partir avec des éditeurs peu consciencieux!

Bob August a dit...

>tu as eu toi aussi maille à partir
>avec des éditeurs peu consciencieux!
Et c'est d'autant plus intéressant du fait que je boss pour une maison d'édition. Je vois comment tout ça se fait de l'intérieur. Et très honnêtement, si le livre en question avait été plus récent, j'aurais envoyé une lettre à la maison d'édition car il ne faut jamais hésiter à se plaindre ; c'est pas en se laissant faire passivement que les éditeurs fautifs vont changer leur façon de faire.