samedi 14 août 2010

Librairie - 14 Août



R.I.P. 1937-2010

J’apprends avec consternation la fermeture aujourd’hui, de la libraire Blais à Rimouski, après 73 ans d’existence.
«Pourquoi elle ferme? Je vous réponds par une question: Où avez-vous acheté Millénium? Chez Costco? Je le savais. Et Le Petit Larousse? Chez Costco aussi. Ben voilà, c'est pour ça que les librairies indépendantes ferment.»
Pierre Foglia,
La Presse, samedi 14 août 2010

Vous pensez que Foglia exagère ? Voici ce qu’en dit une des trois propriétaires, Natali St-Pierre, au journal
L‘Avantage :
«La compétition des grandes surfaces, qui coupent les prix qu’on ne peut suivre, en raison de nos dépenses inhérentes à l’exploitation d’une librairie indépendante, comme l’arrivée du livre électronique, l’achat par Internet et les rabais qu’on donne partout ailleurs dans les centres commerciaux nous obligent à choisir cette option, pas agréable, on le conçoit.»


Donc, c’est la faute a Costco, mais aussi «Amazon, Archambault, le iPad qui s'en vient... Elles mettent la clé sous la porte ce soir avant de devenir folles - peut-être même un peu après.»
Pierre Foglia, Op. Cit.

Mais pourquoi la fermeture d’une librairie située à plus de 500KM de chez-moi m’interpelle à ce point ? J’ai une espèce d’histoire d’amour avec Rimouski. Il fut un temps, au siècle dernier, où j’allais aussi souvent à Rimouski qu’à Québec (soit trois fois par année. Toujours en autobus). Je m’y était fait des amis là-bas. Je n’y ai pas mis les pieds depuis une vingtaine d’années (longue histoire) mais en principe, je dois y retourner en septembre, pour un séjour de quatre ou cinq jours, accompagné de Madame August. Je pensais justement me rendre à la librairie Blais. Une activité à rayer de ma liste de choses à faire à Rimouski...


Société - 14 Août




Photo : un politicien à visage découvert

Non mais, sans blague, dites-moi que vous êtes capable de lire ça sans rire :
«Les jeunes libéraux s'attaquent au cynisme. En congrès cette fin de semaine à Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec, la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec s'attaque au cynisme envers la classe politique. Les jeunes libéraux se penchent entre autres sur des mesures visant à rapprocher les citoyens des élus et affermir leur confiance envers les institutions publiques.»
Source : Radio-Canada

En fait, je sais pas si on doit en rire ou en pleurer.

Mais là, deux ou trois paragraphes plus loin, c’est véritablement à pleurer :
«Une éventuelle réforme du Conseil de presse, lui octroyant plus de pouvoir de réglementation, est également au programme des discussions. Les militants croient que l'organisme de régulation du journalisme devrait protéger davantage le public et mieux faire respecter les normes d'éthique chez les journalistes.»
(Ibid.)

Hum. Belle vision que cette jeunesse libérale qui voudrait bâillonner la presse en général - et par ricochet le droit à l’information au public - et pourquoi ? Pour faire taire les journalistes. Ah ! elle est belle notre jeunesse libérale... Maurice Duplessis serait fier de vous. «Maurice qui ?» Ouais, c'est ce que je pensais...

dimanche 8 août 2010

Compte de mots - 08 Août





Coupe de foudre pour des nouvelles

J’ai eu un vrai coup de foudre pour ce court recueil de nouvelles de Lise Tremblay :«La héronnière». Publié en août 2003, le livre avait connu à l’époque, il me semble, un franc succès.
Les cinq nouvelles de «La héronnière» mettent en scène un village qui, comme trop villages au Québec, sont en déroutes : exode des jeunes adultes, vieillissement de la population, désoeuvrement des rares jeunes qui, coincé sur place, glissent parfois vers la délinquance pour «passer le temps». «La héronnière», c’est aussi l’histoire des adultes du village, des vies absurdes, des mensonges et des drames au quotidien. «La héronnière» c’est encore l’histoire d’un clivage : celui des citadins à la recherche de tranquillité et des villageois, mal à l’aise avec «les étrangers». Un véritable langage de sourds s’installe. L’incompréhension est quasi complète.

«Au début de notre installation à Montréal,
je vivais avec un calendrier sur la porte
du réfrigérateur, les dates de nos séjours
encerclées de rouge. Dans le fond, je pense
que je ne suis jamais vraiment parti. J’ai
traîné le village avec moi, intact. Le
village de ma jeunesse, pas celui dans
lequel je suis revenu vivre.»
P. 96


Le fil conducteur de ce recueil de nouvelles ; tous les personnages sont profondément malheureux ; un mal de vivre moderne dans un décor de chasse, de marais et de pourvoiries, de mensonges et de faux-semblant.

«Depuis, j’ai appris à mes dépens que la
seule règle du village était le mensonge.
Tout le monde sait tout et tout le monde
fait semblant de l’ignorer.»
P. 77


D’une écriture simple (mais pas simpliste du tout) et très efficace, Lise Tremblay arriver à très bien cerner l’absurdité du quotidien et l’illusion que tout est plus beau ailleurs. Lisez ce livre ; ça vous fera voir la campagne d’un autre oeil.

La héronnière
Lise Tremblay
Leméac, Montréal, 2003. 109 pages
ISBN : 9782760932548
CCR : 111,1.n/TRE