dimanche 8 août 2010

Compte de mots - 08 Août





Coupe de foudre pour des nouvelles

J’ai eu un vrai coup de foudre pour ce court recueil de nouvelles de Lise Tremblay :«La héronnière». Publié en août 2003, le livre avait connu à l’époque, il me semble, un franc succès.
Les cinq nouvelles de «La héronnière» mettent en scène un village qui, comme trop villages au Québec, sont en déroutes : exode des jeunes adultes, vieillissement de la population, désoeuvrement des rares jeunes qui, coincé sur place, glissent parfois vers la délinquance pour «passer le temps». «La héronnière», c’est aussi l’histoire des adultes du village, des vies absurdes, des mensonges et des drames au quotidien. «La héronnière» c’est encore l’histoire d’un clivage : celui des citadins à la recherche de tranquillité et des villageois, mal à l’aise avec «les étrangers». Un véritable langage de sourds s’installe. L’incompréhension est quasi complète.

«Au début de notre installation à Montréal,
je vivais avec un calendrier sur la porte
du réfrigérateur, les dates de nos séjours
encerclées de rouge. Dans le fond, je pense
que je ne suis jamais vraiment parti. J’ai
traîné le village avec moi, intact. Le
village de ma jeunesse, pas celui dans
lequel je suis revenu vivre.»
P. 96


Le fil conducteur de ce recueil de nouvelles ; tous les personnages sont profondément malheureux ; un mal de vivre moderne dans un décor de chasse, de marais et de pourvoiries, de mensonges et de faux-semblant.

«Depuis, j’ai appris à mes dépens que la
seule règle du village était le mensonge.
Tout le monde sait tout et tout le monde
fait semblant de l’ignorer.»
P. 77


D’une écriture simple (mais pas simpliste du tout) et très efficace, Lise Tremblay arriver à très bien cerner l’absurdité du quotidien et l’illusion que tout est plus beau ailleurs. Lisez ce livre ; ça vous fera voir la campagne d’un autre oeil.

La héronnière
Lise Tremblay
Leméac, Montréal, 2003. 109 pages
ISBN : 9782760932548
CCR : 111,1.n/TRE

1 commentaire:

Trader a dit...

C'est justement la question que je me posais avec un copain, alors qu'on se baladait dans une région du Québec rural.

On se disait: "Les jeunes d'ici veulent tous se rendre à Montréal et nous, on veut en sortir."

C'est sans compter les "anciens" qui sont déjà en région et qui veulent y rester.

Cette question m'habite depuis quelque temps. Ce n'est pas vrai de croire qu'un citadin peut s'installer en région en croyant que ça va se faire les doigts dans le nez.

"La héronnière", c'est une drôle de coïncidence: on se promenait dans le Chenal du Moine, près de Sorel.

;)