Est-ce que nous travaillons trop et trop vite ? Pourquoi cette question ? Dans mes nombreuses tâches comme archiviste, j’ai la responsabilité de faire parvenir au dépôt légal deux exemplaires des livres que nous publions* Hier, je reçois une lettre - bilingue - du dépôt légal d’Ottawa, m’indiquant que depuis le 1er janvier 2007, il y avait des modifications au dépôt légal. Bon, déjà que la lettre me soit parvenue trois mois et demi
après l’entrée en vigueur des modifications dénote un manque flagrant de respect et de laisser allez épouvantable - mais ça, de la part du gouvernement, nous y sommes habitués. Alors pas de surprise.
Dans la lettre, on nous explique en sept (7) petites lignes la teneur des modification. Puis, juste dessous, la phrase suivante :
«
Pour de plus amples renseignements,
nous conseillons au lecteur de consulter le
lien suivant » (suit une adresse Internet).
Bon, déjà dans l’adresse, je décèle une erreur. Comme l’adresse termine la phrase, le fonctionnaire qui a écrit cette lettre a foutu un point (.) à la fin. J’ai assez d’expérience pour savoir qu’une adresse Internet ne se termine pas par un point. Encore là, pas de surprise car même en 2007, c’est
encore une erreur courante (soupirs) ! Alors Je tape l’adresse dans Safari (je suis sous Mac OSX au bureau) tout en omettant le point final et... rien ! Safari ne parvient pas à trouver le serveur ! Je retape l’adresse en respectant les 55 caractères (un mélange de lettres, chiffres, barres obliques, traits d’union, points et le point final). Rien à faire, le serveur est introuvable. Je vérifie une autre fois - c’est tellement facile d’oublier un caractère - mais non, tout est là ! Je décide donc d’utiliser Firefox, même si j’ai des doutes. Et effectivement, je ne suis pas plus chanceux avec Firefox. À partir de là, je me pose toutes sortes de question :
- Se pourrait-il que le serveur du gouvernement soit « down » ?
- Un problème de compatibilité avec le MAC ?
- Les fureteurs ne sont pas compatible ?
- J’ai comme le goût d’un espresso - oups, c’est hors sujet ;-)
Je retourne la feuille pour lire la version anglaise et constate que l’adresse du site est identique (au point d’avoir répété l’erreur du point finale dans l’adresse) à l’exception d’un caractère, qui sert de code de langue. Dans l’adresse en français il y a la lettre « f » isolée par un point et un trait d’union (pour french) et en anglais, c’est la lettre... ben oui, vous avez deviné, la lettre « e » pour english. Je décide donc de taper l’adresse Internet en anglais (en me disant qu’une fois dans la page du site, je trouverai bien le moyen de basculer dans le site en français) mais ô surprise, le serveur est encore introuvable !
Pendant quelques secondes, je me retrouve en panne d’inspiration, ne sachant pas trop quoi faire. Puis, l’idée qu’il pourrait y avoir une
seconde erreur (la première étant le point final) dans l’adresse Internet devient de plus en plus plausible. Et cette erreur se serait répercuté autant dans l’adresse en anglais qu’en français.
Je décide alors de lancer une recherche via Google. Et Google fut mon ami ; après avoir tapé deux mots contenus dans l’adresse et en faisant suivre des mots "dépôt légal", Google pointe exactement la bonne page. Et mon intuition était bonne :
1. il n’y a pas de point final dans l’adresse (première erreur)
2. il y a deux caractères de trop dans l’adresse inscrite sur le document papier (deuxième erreur).
L’erreur ? On avait ajouté dans l’adresse Internet du document papier l’extension gc (pour gouvernement canada) alors que dans l’adresse réelle, l’extension gc n’existe pas !
La saga aurait pu s’arrêter là - après tout, je n’ai perdu
que quinze minutes ! Mais je n’étais pas au bout de mes peines. Comme la lettre indiquait que
«
Pour de plus amples renseignements,
nous conseillons au lecteur de consulter le
lien suivant »
je me disais que se serait une bonne idée d’en savoir un peu plus. Car avouons-le, les sept petites lignes du document ne disaient pas grand chose. Alors quel ne fut pas mon étonnement de constater que l’information dans le site Internet était
identique au contenus de la lettre ! Identique au point d’avoir respecter exactement la même mise en page avec les points de formes, etc. !
Tabarn... Je me suis tapé tout çà pour rien ! Tout çà, sans avoir une miette d’information supplémentaire ! Grrrr !
Alors je relance la question du début :
Est-ce que nous travaillons trop et trop vite ? Pour moi il est clair qu’au dépôt légal :
1. personne n’a pris la peine de relire la lettre
2. personne n’a pris le temps de tester le lien Internet suggéré
3. personne ne s’est rendu compte que le site Internet était une copie conforme de la lettre - et que dans un cas semblable, on ne devrait jamais inciter les gens à se rendre sur le site Internet pour "
de plus amples renseignements".
Pour moi, il est clair que quelqu’un au dépôt légal a travaillé trop vite. Beaucoup trop vite. Et c’est une « maladie » qui se propage partout, au nom de la sainte productivité : en son nom, il faut produire et encore produire (et toujours à moindre coût) même si en bout de ligne, le résultat est bâclé.
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* deux exemplaires au dépôt légal à Québec et deux autres exemplaires au dépôt légal à Ottawa. C’est la loi et nous ne pouvons nous y soustraire.