vendredi 27 mars 2009

Compte de notes - 27 Mars




Parce qu'il est encore question d'orgues...

Un autre disque trouvé pas trop cher sur Amazon : «Four organs» et «Phases patterns» de Steve Reich. Hé oui, encore de la musique du XXe siècle. Deux pièces pour orgues, composées en 1970. Pour être honnête, je crois que pour apprécier à sa juste valeur «Four organs» et «Phases patterns», je devrai y mettre le temps. Se sont des oeuvres qui demandent du temps car elles ne sont pas facile d'approche, surtout pour «Four organs» : une même «phrase» jouée de façon répétitive par chacun des organistes (ils sont quatre dont Reich lui-même et... Philip Glass !) Lancinant... Mais pas du tout dénué d'intérêt.

«Phases patterns» ressemble plus à l'ensemble de la musique dite «en phase» de Reich - en opposition avec la musique «répétitive» de Glass [1]. L'approche n'est peut-être pas plus facile, mais elle a le mérite de s'écouter sans trop se poser de questions - les questions viendront plus tard, comme pour n'importe quelle musique digne de ce nom.

Je me demande si «Music For 18 Musicians» ne serait pas plus indiqué pour s'initier à Reich ; en tout cas, c'est avec cette magnifique pièce que j'ai fais mon entré dans le monde de ce grand compositeur. Et c'est ce disque qui m'a poussé à acquérir, a gros prix (mon dernier achat à gros prix chez un disquaire) la rétrospective «Phases» de Steve Reich, chez Nonsuch Records : cinq disques absolument sublime que je recommande fortement [2]. Pour ce qui est de «Four organs» et «Phases patterns», c'est réservé aux seuls aficionados (comme pour la symphonie No. 6 de Philip Glass).



«Four organs» «Phases patterns»
Steve Reich (compositeur et interprète)
Steve Reich, Philip Glass et autres (interprètes)
1. Four organs
2. Phases patterns
Étiquette Dunya



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[1] Pour caractériser son oeuvre, et spécialement ses compositions de la période 1965-1976, Steve Reich utilise le terme de «musique de phases» («phases music» en anglais des États-Unis) pour la différencier de la musique répétitive. Voir le livret de «Music for 18 Musicians» chez Nonesuch Records, 1997.


[2] CD 1- 1. Music For 18 Musicians*/CD 2- 1. Different Trains, 2. Tehillim, 3. Eight Lines/CD 3- 1. (You Are) Variations, 2. New York Counterpoint, 3. Cello Counterpoint, 4. Electric Counterpoint, 5. Triple Quartet/CD 4- 1. Come Out, 2. Proverb, 3. The Desert Music/CD 5- 1. Music for Mallet Instruments, Voices, and Organ, 2. Drumming.
* diffère de la version originale chez Nonesuch Records, 1997


Compte de notes - 27 Mars




L'orgue, mur à mur

«La musique de Philippe(sic) Glass est hyper-structurée et très intelligente. [...] Mais il y a une cellule souche dans tout ça. Cette cellule, Glass l’additionne, la multiplie et la transforme plusieurs fois. À un moment, ça devient comme un mantra. Ce n’est pas moi qui ai dit ça, mais quelqu’un a dit de sa musique: Chez Philip Glass, le temps n’est pas une continuité, c’est une succession de moments.»
- Angèle Dubeau, en entrevue pour Québécor.

J'imagine que c'est infiniment gratifiant pour un musicien que de voir sa musique repris pas d'autres musiciens : et c'est ce qui se passe de plus en plus pour la musique de Philip Glass ; ils sont nombreux les musiciens, orchestres et ensembles à reprendre la musique de Philip Glass, contrairement à ce que laissait entendre Angèle Dubeau dans une entrevue [1]. En c'est en furetant dans le site de Amazon, à la recherche de disques de Philip Glass, que je suis tombé sur ce disque qui me semblait fort intéressant ; l'organiste Donald Joyce a repris cinq pièces du répertoire de Glass pour les jouer... à l'orgue. Un orgue de 4861 tuyaux et quatre claviers ! Je dois avouer que je m'attendais à quelque chose de plus spectaculaire comme effet. Premièrement, un bémol sur le choix des pièces : Joyce a choisi des pièces qui sont trop homogènes, ce qui fait que d'un bout à l'autre du disque, on a la désagréable impression de toujours ré-entendre la même pièce (c'est moins le cas avec la dernière pièce). Ensuite, Joyce a choisi des pièces tellement «fortes« dans l'imaginaire de Glass que leurs transpositions à l'orgue passe difficilement la rampe. De plus, un étrange souffle vient gâcher les dernière mesures de la première pièce - où était l'ingénieur du son ?

Mon sentiment général face à ce disque est que je suis resté sur mon appétit. C'est beau, mais sans plus. Ce qui vient sauver le tout, c'est la dernière pièce (Satyagraha, opera Act 3: Conclusion) : c'est une musique qui se prête très bien pour l'orgue et ce, même si à l'orgue, la pièce ne possède pas le pouvoir envoûtant de l'original.


Organ Works
Philip Glass (compositeur)
Donald Joyce orgue.
Étiquette RCA
1. Dance, pieces (5) for ensemble Dance lV,
2. Mad Rush, for piano (or organ)
3. Dance, pieces (5) for ensemble Dance ll
4, Music in Contrary Motion
5. Satyagraha, opera Act 3: Conclusion


[1] «C’est la première fois que Philip Glass autorise quelqu’un d’autre que ses propres musiciens à endisquer sa musique. Et c’est la première fois qu’une autre étiquette que la sienne propose sa musique. J’ai vu ça comme une forme de respect mutuel


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Symphonie No. 8 : Glass classique

«Contre toute attente, cette œuvre réussit à ajouter quelque chose de véritablement nouveau dans les annales déjà surchargées de la symphonie classique. (...) Le matériel musical est de facture familière, mais il est frappant que le compositeur renonce à la conclusion prévisible pour explorer un climat de crépuscule profond et de nuit éternelle
Alex Ross, critique de musique, "The Endless Scroll", The New Yorker, 5 novembre 2007

Un premier mouvement vif, emballant ; un maelström d'idées riches. Un deuxième et un troisième mouvement plus ancré dans le calme et la rêverie ; voilà mes premières impressions de la symphonie No. 8 de Philip Glass.

On retrouve dans cette symphonie tous les ingrédients pour «séduire» : juste assez sérielle mais pas trop, musique ancrée dans le 21e siècle sans être trop «flyée», beaucoup d'accents mélodiques, belles transitions entre moments forts et calmes. Il y a quelque chose dans cette musique qui s'approche de la symphonie No. 3 de Aaron Copland : un je ne sais quoi qui en fait une musique belle et bien ancrée dans «l'american way of life», tout en demeurant bien loin des courants jazz d'un Gershwin par exemple - pourtant souvent citée comme une musique typiquement américaine. Bref, une belle symphonie que je n'hésiterais pas à recommander à ceux et celles qui aimeraient s'initier au monde symphonique de Philip Glass.


Symphonie No. 8
Philip Glass (compositeur)
Bruckner Orchester Linz sous la direction de Dennis Russell Davies
sur étiquette Orange Mountain Music.


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Symphonie no. 6 «Plutonian Ode» : Glass symphonique

«I recognized Symphony No.6 as nothing less than a masterpiece
Richard G., NYC

J'ai acquis il y a quelques semaines (via Amazon), plusieurs symphonies de Philip Glass, dont la symphonie no. 6 «Plutonian Ode». Pour la première fois depuis longtemps , j'avais l'impression d'entendre toute la force et toute la puissance de la musique de Philip Glass vibrer intensément. Dès les premières mesures, les cordes, les cuivres, dans une mélopée lente et lugubre, viennent donner un sens profond à l'oeuvre. Et ça se poursuit tout au long des trois mouvements de cette symphonie.
On dirait que la musique de Glass prends tout son sens avec un orchestre symphonique ; les harmoniques, le rythme, le sens de la répétition, tout y est magnifié. De plus, cette musique est supporté par un magnifique texte d'Allan Ginsberg («Plutonian Ode»), chanté par la soprano Lauren Flanigan. Mais il y a un bémol - et tout un : la soprano ! son très maigre spectre vocal donne l'impression (ce n'est pas une impression croyez-moi) qu'elle crie plus qu'elle ne chante le texte de Ginsberg. Et c'est difficile de passer outre car la soprano est présente tout au long de cette symphonie. Je ne saurais donc recommander cette symphonie à quiconque voudrait s'initier à la musique symphonique de Glass ; c'est réservé aux seuls aficionados du maître de la musique sérielle - et c'est bien dommage...


Symphonie No. 6 «Plutonian Ode»
Philip Glass (Compositeur),
Bruckner Orchester Linz sous la direction de Dennis Russell Davies
Lauren Flanigan (soprano), sur un texte de Allan Ginsberg
sur étiquette Orange Mountain Music.


Compte de notes - 27 Mars




L'Art de la fugue ; encore un peu plus loin...

«S'il me fallait désigner le sommet de la création humaine,
je nommerais l'Art de la Fugue
».
- Jean Le Moyne, Convergences, 1960

Je me souviens d'un passage du film «Children of a lesser God» ou William Hurt tente d'expliquer à Marlee Matlin (qui est sourde), ce qu'est la musique de Bach, par la gestuel du langage ; il met sa main gauche sur son coeur (l'émotion, la musique) pendant que son bras droit est tendu vers le ciel (Dieu, l'absolu). Tranquillement, il fait se rapprocher ses deux mains pour unir l'index et le pouce de la main droite avec l'index et le pouce de la main gauche pour en faire ruban de moebius : une fusion complète. Naturellement, il échoue lamentablement à faire comprendre la musique et Bach à une sourde. Je n'ai gardé aucun souvenir de la pièce de Bach que l'acteur écoute au moment de cette scène, mais L'Art de la fugue (die Kunst der Fuge, BWV 1080) aurait pu y figurer tellement cette oeuvre s'approche de la perfection ; «die Kunst der Fuge» est un modèle absolu de rigueur et de perfection du style contrapuntique, ce qui permet à l'oeuvre d'atteindre des sommets sans doute inégalé dans toute l'histoire de la musique occidentale (rien de moins !)

Ce long préambule pour vous dire que j'ai acquis dimanche, chez Sillons, le die Kunst der Fuge de Bach, dans sa version pour orgue, avec André Isoir aux claviers. Une version récompensée par rien de moins que par un Diapason d'or, un Choc du monde de la musique et finalement, couronnée par un Grand prix du disque. C'est une très belle interprétation - quoi que je trouve discutable le choix de l'ordre des contrepoints, mais Isoir étant de la vieille école, son choix ne me surprends guère. Pas vraiment un bémol cependant. Pour quiconque aime l'orgue, je recommande cette version, une des très belles qu'il m'ait été donné d'entendre sur disque, dans une version pour clavier. André Isoir, en vrai poète du clavier, appuyé il est vrai par des sonorités d'un orgue absolument magnifique, permet à cette musique presque mathématique, d'atteindre un degré quasi extatique. On «sort» de cet enregistrement un peu bousculé devant tant de de pureté et de beauté. Mais je préfère encore l'excellente version de Bernard Lagacé chez Analekta ; brillante, inspirée, cette version touche au sublime dans certains passages. Enregistré sur deux CD - contrairement à la version de Isoir qui fait tout de même 78 minutes - Lagacé n'a pas hésité a faire toutes les reprises (de ce que j'en connais du moins ; je ne suis pas un spécialiste...). Cela apporte une autre dimension à l'oeuvre. Comme une profondeur, une méditation sur le sens et la place de l'être humain ici, maintenant. On dépasse le sublime pour toucher le mystique, l'indicible...

L'Art de la fugue, longtemps considérée comme le testament de Bach - à l'image du Requiem de Mozart - est resté inachevée (même si ce n'est pas l'opinion de tous. Voir Wikipédia à cet effet). Il ne faut donc pas se surprendre si au beau milieu d'une mesure (contrapunctus 19), paf ! plus rien : la musique s'arrêtant brutalement - ou demeurant comme suspendue...

Pour quelqu'un qui n'aime pas trop l'orgue ou qui ne connaît pas cette oeuvre et qui souhaiterait acquérir l'Art de la fugue, je conseillerais peut-être - malgré ses imprefections - la version pour orchestre de St-Martin-in-the-Fields et Neville Marriner ; c'est moins «austère» que l'orgue.

Me reste plus maintenant qu'à mettre la main sur la version - malheureusement demeurée incomplète - enregistré par Glenn Gould. Et tant qu'à rêver, j'aimerai bien mettre la main sur le coffret de 22 CD - l'intégrale en fait - des oeuvres pour orgue et autres oeuvres pour clavier de Bernard Lagacé, chez Analekta - P.S. mon anniversaire c'est bientôt ;-)

Je possède en tout huit versions du «die Kunst der Fuge» (dont une surprenante version pour quatre saxophones !) Voici la liste :

En CD :
1. Quator de Saxophones (Quatuor de saxophones Nelligan)
2. Orchestral (St-Martin-in-the-Fields, Neville Marriner. Philips)
3. Orgue (Bernard Lagacé, Analekta. 2 CD)
4. Orgue (André Isoir, Caliopée)

En vinyle :
1. Orchestre de chambre (Orchestre de chambre de La Sarre, Karl Ristenpart. Musidisc - Richesse classique)
2. Orchestre de chambre (Ensemble Wolfgang Von Karajan, Carl de Nys. A. Charlin Disques)
3. Orgue (Helmut Walcha. Archiv Produktion)
4. Clavecin (Davitt Moroney. Harmonia Mundi)



Note : je comprends toujours pas pourquoi le prix des disques dits classiques est toujours aussi élevé chez un disquaire ; ce n'est pas propre a Sillons de vendre si cher : c'est partout pareil ! Je suppose que c'est le prix a payer pour avoir de la musique «sérieuse».... Je vais continuer a acheter chez Amazon...