mercredi 22 décembre 2010

Compte de mots - 22 Décembre





Nestor Burma ; détective privé.


«Chapitre trois, le même mois, promenade au fond des bois
Enfant volé, rançon donnée, enfant jamais retrouvé
L'affaire est claire pour les journaux et pour le public idiot
Moi je la crois quand elle me dit qu'elle n'en croit pas un mot
Un rendez-vous, café désert comme une nuit en hiver
Cheveux défaits, passons aux faits, je sais que tu n'as rien fait
Par un sourire elle veut me dire que le pire est à venir
Je suis le Privé, elle est prévenue, le film est déjà vu.»
- Michel Rivard, «Le privé» (extrait)


Je suis en train de lire l'intégrale des «Nestor Burma - Les nouveaux mystères de Paris» (en deux tomes) de Léo Malet. Cette intégrale (nouvelle édition) est parue chez Robert Laffont, dans la belle collection Bouquins. Pour l'instant, je dois dire que j'adore les histoires rocambolesques de Nestor Burma. Pas James Bond pour deux sous, Burma doit tout de même affronter la racaille parisienne, quitte à prendre quelques coups sur la tête ou être enlevé (parfois les deux à la fois).

Le personnage de Nestor Burma, détective privé, fut créé en 1942 par Malet. Dans «Les nouveaux mystères de Paris», les aventures de Burma se déroulent toujours dans la ville de Paris. Dans chaque nouveau roman, l'action se déroule dans un arrondissement particulier de la ville. Je n'ai aucune difficulté à imaginer le Paris de ces années-là (les années 50) ; pas parce que j'y était, mais grâce aux images fortes de littérature et du cinéma noir et blanc du ce temps-là (et grâce aussi à quelques reportages et documentaires vus dans ma jeune adolescence). Ça explique peut-être pourquoi je «vois» toujours Nestor Burma évoluant dans un monde en noir et blanc, le soir ou la nuit.

Burma n'est pas seul pour mener ses enquêtes dans son agence de détective privé «Fiat Lux» : il a y une secrétaire, Hélène Chatelain et deux collaborateurs, Roger Zavatter et Louis Reboul (un manchot).
Il peut aussi compter sur l'aide de son ami journaliste Marc Covet, de même que sur l'aide du commissaire Florimond Faroux, chef de Section à la criminelle. Faroux est toujours surpris de trouver Burma sur son chemin et mêlé aux affaires les plus sordides et invraisemblables.

Wikipédia nous apprends que «Certains des romans ayant Nestor Burma pour héros ont été adaptés en films ou téléfilms à plusieurs reprises, ainsi qu'en bande dessinée par Jacques Tardi.»
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nestor_Burma

Avec les nouveaux mystères de Paris, je me retrouve plongé au coeur des années 50 dans un film policier en noir et blanc. Un beau dépaysement que je recommande à tous les amateurs du genre.


Liste des romans policiers de «Nestor Burma - Les nouveaux mystères de Paris» :

Le soleil naît derrière le Louvre (1954)
Des kilomètres de linceuls (1955)
Fièvre au Marais (1955) (Autre titre : L'ours et la culotte)
Les rats de Montsouris (1955)
M'as-tu vu en cadavre (1956)
Corrida aux Champs-Élysées (1956)
Pas de bavards à la Muette (1956)
Brouillard au pont de Tolbiac (1956)
Les eaux troubles de Javel (1957)
Boulevard... ossements (1957)
Casse-pipe à la Nation (1957)
Micmac moche au Boul' Mich’ (1957)
Du rébecca rue des Rosiers (1958)
L'envahissant cadavre de la plaine Monceau (1959)




Léo Malet
«Les nouveaux Mystères de Paris» (2 tomes)
Préface de Nadia Dhoukar.
Robert Laffont, collection Bouquins


mardi 21 décembre 2010

Compte de mots - 21 Décembre





«sachez-le pour être bibliothécaire il faut aimer
le classement et être obéissant...»
Sophie Divry - La cote 400

Alors, pris dans la tourment des courses de dernières minutes ? moi aussi ! Et je trouve pas facilement ce que je cherche... Et en attendant de trouver, question d'oublier mes angoisses existentielles, j'ai lu avec beaucoup de plaisir un tout petit livre (65 pages) pour initié seulement ; «La cote 400» de Sophie Divry. Pour initié seulement ? Oui. J'insiste. Premier roman de cette jeune femme vivant à Lyon, «La cote 400» raconte l'histoire d'une bibliothécaire qui jette un regard amer sur une profession qu'elle pratique par dépit depuis vingt-ans ans. Par dépit car refusée au concours de professeur.

Une femme seule parmi les livres.
Voilà qui aurait pu figurer comme sous-titre au roman. Car seule, l'héroïne de ce roman l'est ; seule parmi les livres et ignoré par les usagers de sa bibliothèque. Oubliée aussi de l'administration qui l'a reléguée au sous-sol, dans un endroit oublié de tous, avec des livres oubliés de tous - la géographie - qui s'intéresse à la géographie aujourd'hui !
«Régulièrement, ils font des bêtises. C’est inévitable.
Ils déclassent, ils volent, ils écornent, ils dérangent.
Il y en a même qui arrachent des pages. [...] Ce sont
toujours des hommes. Comme les maniaques du surlignage,
toujours des hommes. Il n’y a que les hommes pour
légitimer ainsi leurs interventions sur un livre, leurs
corrections ou leurs avis dans la marge.»
Sophie Divry - La cote 400


Bibliothécaire ; un métier ou un calvaire ?
À lire «La cote 400», on imagine que le métier de bibliothécaire est un calvaire. Tous les jours. Surtout la faute des usagers - oui, vous. Et vous encore. Par moment, on dirait Tatie Danielle tellement elle semble détester son métier. portant, elle aime les livres. Mais que les livres bien rangée sur une tablette.
«au fond, un lecteur vient dans une bibliothèque
que pour y mettre du désordre. Donc, si on veut
limiter la casse, il faut les surveiller de près.
Ma mission peut se résumer à cela : empêcher les
lecteurs de pervertir le grand ordonnancement de
mon sous-sol. Je n’y arrive pas toujours.»
Sophie Divry - La cote 400

Mais encore ?
le roman est drôle, touchant même. Un long monologue un peu trop stéréotypé tout de même : j'ai des amies bibliothécaires et elles ne ressemblent en rien au personnage de Sophie Divry. Ce qui ne veut pas dire qu'un tel personnage n'existe pas. Le roman sera particulièrement apprécié par les initiés ; les habitués des bibliothèques et ceux et celles qui y travaillent. Pour les autres, pour vous autres, se ne sera qu'un long monologue d'une femme invisible, perdus entre les livres de géographie.


La cote 400
Sophie Divry
Les allusifs. 2010
15.50$
9782923682136
CCR : 131.r/DIV


dimanche 19 décembre 2010

Classification et indignation - 19 Décembre



Prise d'écran de l'outil de recherche (beta) v.1 ddc browser


Il arrive fréquemment que l'on me demande un coup de main pour «créer» un plan de classification - les demandes me viennent d'amis ou d'inconnus qui lisent le blogue. C'est toujours avec plaisir que je donne un coup de main - ça explique en grande partie mon retard à publier quelques billets en ce moment... Et justement, en ce moment, je donne un coup de main a un lecteur de ce blogue pour le classement des livres de sa bibliothèque. Pour se faire, je lui ai recommandé l'utilisation de la Classification Décimale Dewey (CDD) simplifié ; comme cette personne n'a pas à gérer des millions de titres, mais «à peu près 750 livres», inutile d'utiliser la CDD dans sa forme la plus complète. J'aurai pu créer un plan adapté à ses besoins, mais j'aime bien utiliser des classification existants - ou m'en inspirer. Pour cette raison, j'aime bien me tenir à l'affut de «nouveaux» plans de classification. C'est ainsi que pour le boulot, j'ai eu à approfondir ma connaissance du BISAC (Book Industry Standards and Communications) que je connaissais déjà un peu ; le BISAC, qui a été développé par le BISG (Book Industry Study Group), est un organisme américain dont la mission est de simplifier la logistique pour les éditeurs, fabricants, fournisseurs, grossistes, détaillants, les bibliothécaires et autres personnes ou organismes engagées dans l'entreprise des médias imprimés et électroniques. Le BISAC est constitué de 50 classes et réparties en 3,735 entrées différentes. Pour vous donner un comparatif, Dewey a réussit la même chose (et mieux à mon avis) avec 10 classes seulement.

Dans la classification BISAC, sous la classe «Science», il y a 102 entrées ; sous «Religion» il y a... 205 entrées ! Le double de la science ! Et si j'ajoute les 176 entrées sous la classe «Bibles», nous arrivons au chiffre de 381 entrées. On comprends vite que cette classification fut développé aux États-Unis ; quel autre pays accorde plus d'importance à la religion qu'à la science ? Et on comprends aussi toute l'importance donné à l'entrée «Religion» et «Bibles» lorsque l'on apprends que «the Evangelical Christian Publishers Association have all been long standing active members of BISG».
Source Wiki : http://en.wikipedia.org/wiki/Book_Industry_Study_Group
C.Q.F.D. Je suis indigné qu'encore en 2010, des organismes comme le BISG soient infiltré pas des mouvements religieux. Vous pensez que je m’emporte pour pas grand chose ? Que le BISAC n’a pas vraiment d’importance outre les frontières des États-Unis ? Détrompez-vous : le BISAC est obligatoire pour indexer vos livres dans le Apple Book Store ! Hé oui, vous êtes un éditeur et vous souhaitez déposer vos livres «électroniques» dans le Apple Book Store pour que vos livres soient lus sur un iPhone ou un iPad, alors vous devrez vous taper le BISAC ! Je ne connais pas les critères d’indexations pour les livres chez Amazon (par exemple), mais juste à voir le nombre d’entrées sous la classe «Books», j’ai comme un doute affreux...

Prise d'écran des nombreuses entrées sous la classe Livres chez Amazon.ca

Vous me direz : «mais la classification Décimale de Dewey donne aussi beaucoup d'importance à la religion». Vrai ; la classe 200 lui est, en effet, entièrement consacrée*. Mais Melvil Dewey n'a pas créé sa classification dans les années 1990, mais en 1876 ; ce qui rends la chose un peu plus compréhensible. Et puis, La CDD fait une belle place à la science :
La classe 300 : Sciences sociales.
La classe 500 : Science de la nature et mathématiques.
La classe 600 : Techniques (Sciences appliquées).

Mais qu’aujourd’hui, un système comme le BISAC, qui se veut le plus universel possible, accorde autant de place à la religion, n’a pas sa raison d’être.



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* il me semble avoir lu quelque part que la plus récente édition intégrale de de la CDD en langue anglaise, diminuait l'importance ou la place de la religion dans la CDD, mais je n'arrive pas à mettre la main sur cet article - j'ai peut-être rêvé !