vendredi 6 février 2009

Mort d'un anthropologue - 6 Février





«Je peux très bien et je devrais toujours être capable d’expliquer
à n’importe qui n’importe quoi de ce que je fais comme travail
»
- Bernard Arcand
Les anthropologues, de l’entrevue et autres lieux communs, dans La Presse, le 11 mars 2001.

La mort est toujours absurde. Même si elle fait partie de la vie. De toute façon, la vie est absurde, il est donc normal que la mort le soit aussi. Mais parfois,on dirait que l'absurde frappe plus fort qu'à son habitude. C'est du moins ce que j'ai ressentis en apprenant la mort de cet anthropologue et intellectuel qu'était Bernard Arcand. Avec Serge Bouchard, il co-anime, de 1992 à 1996, l’émission «Le Lieu commun» à la Première Chaîne de Radio-Canada. En 1999 il écrivit l'essai «Abolissons l'hiver !» En voici un court extrait :

«(…) Autrefois, l’hiver était une évidence. La plupart des gens vivaient à la campagne où les champs sont blancs et immenses. L’hiver domine la campagne. Mais, depuis 100 ans, celle-ci s’est rapidement vidée et, déjà en 1910, plus de la moitié de la population habitait en ville. Depuis, la tendance se maintient, et la ville n’a jamais cessé de grossir. Or, en ville, il y a partout des maisons, des rues et des trottoirs, quelques arbres, et plusieurs milliers d’automobiles. Il n’y a pas de place en ville pour la neige.
En fait, la ville déteste la neige et la traite comme une souillure. Il faut la balayer et la jeter aux ordures, la transporter vers le dépotoir, la lancer dans le fleuve ou la faire fondre rapidement.
Dès l’instant qu’elle tombe en ville, la neige est usée. Une nuisance. Les équipes de déneigement sont payées aux mêmes tarifs que les éboueurs. Et si les urbains veulent voir l’hiver, il leur faut faire un tour à la campagne en fin de semaine.
(…)»

Bernard Arcand, «Abolissons l’hiver!», Boréal éditeur.


2 commentaires:

Grominou a dit...

Oui, c'est triste... J'avais beaucoup aimé la série des Lieux communs. Je prends note d'Abolissons l'hiver!, ça a l'air bien.

Bob August a dit...

Et nous ne sommes pas les seuls à regretter son décès - oups ! pas politiquement correct de parler de mort : je devrais plutôt écrire «à regretter son départ»...