mardi 25 septembre 2007

Compte de mots - 25 septembre

« La Mort est mon Métier n'a pas manqué de lecteurs. Seul leur âge a varié : ceux qui le lisent maintenant sont nés après 1945. Pour eux, La Mort est mon Métier, c'est un « livre d'histoire. Et dans une large mesure, je leur donne raison. »
Robert Merle, préface (1976)





Quel fin roman. Quelle belle plume. Et quelle histoire ! ça se lit d’une couverture à l’autre, sans pause.
Je ne connaissais l’auteur que de nom ; il est maintenant sur ma liste des auteurs à surveiller.

Ce roman, écrit en 1952, retrace les grands pans de la vie de Rudolf Lang. Mais ce Rudolf Lang n’est en fait nul autre que Rudolf Hoess, commandant du camp d'extermination d'Auschwitz, un triste personnage qui a véritablement existé. Ce mélange de fiction et d’histoire est mené de main de maître par Merle. Un autre que lui aurait facilement pu tomber dans l’excès ; Merle, jamais.

L’auteur démonte un a un les rouages d’un mécanisme quasi parfait de l’ordre et de la soumission aveugle qui a guidé des hommes qui, sous l’égide d’Hitler, sont devenus des instruments de la mort. D’aucune façon l’auteur tente de justifier l’Horreur (avec un grand « H ») nazi. Parfois, chercher l’homme derrière l’indicible aide à saisir le pourquoi, mais le comment, rarement.

La fin est un peu précipité il me semble, mais ne boudez pas votre plaisir pour si peu ; je recommande vivement, ne serait-ce que parce que nous ne devons jamais oublié...



« La mort est mon métier »
Robert Merle
Gallimard, collection Folio
Poche: 369 pages, 26 avril 1976
ISBN : 9782070367894
CCR : en attente de classification


Pour en savoir un peu plus sur Rudolf Hoess, je vous invite à lire l’ouvrage suivant :

Le commandant d'Auschwitz parle
de Rudolf Hoess (auteur) et Geneviève Decrop pour la préface, dans une édition mise à jour.
Editions La Découverte; Édition mise à jour (16 septembre 2004)
Collection La Découverte/Poche
ISBN : 9782707144997

Présentation de l’éditeur (extraits) :
C'est au cours de sa détention à la prison de Cracovie, et dans l'attente du procès, que l'ancien commandant du camp d'Auschwitz a rédigé cette autobiographie sur le conseil de ses avocats et des personnalités polonaises chargées de l'enquête sur les crimes de guerre nazis en Pologne. [...] Conçu dans un but de justification personnelle, mais avec le souci d'atténuer la responsabilité de son auteur en colorant le mieux possible son comportement, celui de ses égaux et des grands chefs SS, ce document projette une lumière accablante sur la genèse et l'évolution de la "Solution finale" et du système concentrationnaire. Ce "compte rendu sincère" représente l'un des actes d'accusation les plus écrasants qu'il nous ait été donné de connaître contre le régime dont se réclame l'accusé, et au nom duquel il a sacrifié, comme ses pairs et supérieurs, des millions d'êtres humains en abdiquant sa propre humanité. " La préface de Geneviève Decrop replace en perspective ce texte fondamental. Et dans la post-face inédite à cette édition de poche, elle montre en quoi les avancées récentes de l'historiographie de la Shoah renouvellent la portée de sa lecture.

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