lundi 29 mars 2010

Compte de mots - 29 Mars



Avant de connaître gloire et reconnaissance, Paul Auster à «tirer le Diable par la queue». C’est ce qu’il nous raconte, avec beaucoup d’humour, dans ce petit livre a saveur autobiographique : ses années de galère en France, les petits boulots, la séparation de ses parents, sa rencontre avec sa première femme, son «invention» d’un jeu de cartes basé sur les règles du Base-ball* (page 141 et suivantes). Mais c’est surtout de son rapport avec l’argent qui compose la trame de ce livre.
«
Mon argent ne me dura pas aussi longtemps que
je l’avais imaginé. [...] Dès le début, par
conséquent, j’ai dû me débattre pour garder
la tête hors de l’eau.
»
P. 92

Et pour faire de l’argent, Auster devait travailler.
«
La plus part des boulots que j’obtenais venaient
d’amis, ou d’amis d’amis, ou d’amis d’amis d’amis.
»
P. 92

Mais en dehors des contraintes d’argent, Auster écrivait. Malheureusement, la plus part des écrits de ce temps ne nous sont pas parvenus : perdu ou détruits, c’est selon («
...le tapuscrit du roman alimentaire a disparu au fond d’un sac de plastique, quasi oublié d’un déménagement à l’autre.» P. 162). Mais le souvenir de cette époque demeure très frais dans sa mémoire, ce qui nous donne un très beau livre, qui se lit comme un roman.

Je le disais plus haut, il y a des moments fort drôle dans ce livre. Sa rencontre avec John Lennon est tout à fait dans le «ton» du livre :
«
Un jour ... alors qu’Arthur était sorti faire
une course, John Lennon frappa à la porte...
- Salut, dit-il en me tendant la main. Je
m’appelle John.
- Salut, répondis-je en saisissant la main et
en la secouant un bon coup, je m’appelle Paul
».
P. 126

Mais tout n’est pas rose pour autant. L’heure des bilans arrive vite. Auster doit le reconnaître ; «
Arrivé à un certain moment de sa vie, on s’aperçoit qu’on passe ses journées en compagnie des morts autant qu’en celle des vivants.» P. 127.

Après la mort de son père (qui fut la cause d’un grand chagrin intérieur chez l’écrivain) et grâce à un petit héritage laissé par son père...
«
Je me suis réinstallé à New York et j’ai continué
à écrire. Un beau jour, je suis tombé amoureux et
je me suis remarié.
»
P. 162

Un livre très intéressant qui nous permet de mieux comprendre, de mieux cerner l’univers austerien. À lire, que vous soyez un inconditionnel de l’auteur ou non.


Paul Auster
«
le Diable par la queue suivi de Pourquoi écrire ?»
Le livre de poche, 2000. 187 pages
ISBN : 9782253149200
CCR : 112.re/AUS

______________
* pour la petite histoire, Jack Kerouac avait lui aussi inventé un jeu de base-ball avec des cartes. Voir «Jack Kerouac, Memory Babe» de Gerald Necosia.


6 commentaires:

Trader a dit...

Côté écrivain dans une phase vaché-enragé-je-débute, je suggère deux grands livres: "Demande à la poussière" de John Fante et "La Faim" de Knut Hamsun.

Il y en a plein d'autres.

Bob August a dit...

Merci, j'en prends bonne note, crois-moi.

Trader a dit...

Je viens de commander celui d'Auster chez Raffin (St-Hubert).

Alors tu vois!

Bob August a dit...

Wow ! En plus, nous fréquentons la même librairie ;-)

Trader a dit...

Anybody but la-grosse-librairie-qui-prend-toute-la-place.

ps: depuis bientôt un an, j'ai bcp baissé mon rythme de lecture - ce qui coïncide avec ma nouvelle passion photo argentique - et cette constatation me navre...

je suis passé tout près de Van Horne (Bellechasse et St-Laurent) pendant un safari photo avec un pote (la track, entre autres choses).

@+

Bob August a dit...

>je suis passé tout près de Van
>Horne (Bellechasse et St-Laurent)
Il y a là un potentiel incroyable de photos à faire... même si pour se faire, il faut être illégal car il est interdit de franchir les voies ferrées dans l'coin. Je l'avoue, je l'ai fait - voir mes photos dans Flickr.