mercredi 6 juin 2007
Compte de mots - 06 juin
L’Amérique répressive
« Le vagabond américain en voie de disparition », Jack Kerouac
C’est assurément la troisième ou la quatrième fois que je relis ce texte et jamais je ne m’en lasse. Ce qui me fascine le plus je crois c’est de constater que la répression de tout ce qui est différents n’est pas une invention de Bush ; même du temps de Kerouac, la répression envers les beatnik, les vagabonds et hobo de toutes sortes était monnaie courante (avis à ceux et celles - les esprits sectaires - qui pensent que Bush est l’incarnation de tout ce qui ne vas pas aux USA...)
Ce texte, écrit en 1960, aurait pu être écrit aujourd’hui ! Et dès les toutes premières lignes, le ton est donné :
« Le vagabond américain a bien du
mal à mener sa vie errante aujourd’hui
avec l’accroissement de la surveillance
que la police exerce sur les routes, dans
les gares, sur les plages, le long des
rivières et des talus... » [p. 73]
Partir, sac au dos, sans but précis et sans déranger personne, c’est ce que faisait le personnage de Rambo* Mais dans l’Amérique répressive, c’est un jeu dangereux comme le rappel Kerouac :
« En Amérique, le camping est considéré
comme un sport sain pour les boy-scouts
mais comme un crime quand il est pratiqué
par des adultes qui en ont fait leur vocation » [p. 76]
Voyager sac au dos en Amérique n’a plus aucun sens aujourd’hui. C’est comme voyager sans le sous :
« La pauvreté est considéré comme une
vertu chez les moines des nations civilisés
- en Amérique, vous passez une nuit au
violon si l’on vous prend à ne pas avoir
sur vous une certaine somme » [p. 76]
Et puis, pour les quelques voyageurs qui se risquent encore aujourd’hui à traverser l’Amérique sans but précis, l’aventure n’est pas sans risque :
« À l’époque de Bruegel, les enfants
dansaient autour du vagabond [...] Mais
aujourd'hui les mères serrent leurs enfants
contre elles quand le vagabond traverse la
ville à cause de ce que les journaux ont
dit du vagabond : il viole, il étrangle ; il
mange les enfants » [pp. 76-77]
Et si malgré tout, l’idée vous prends de voyager dans cette Amérique répressive, sachez que
« Les bois sont remplis de geôliers » [p. 92]
* « Rambo first blood », roman de David Morrell
« Le Vagabond américain en voie de disparition, précédé de : Grand voyage en Europe » de Jack Kerouac
Traduction : Jean Autret
Gallimard, Poche: 92 pages
Collection : Folio 2 euro
ISBN : 9782070423163
CCR : 112.n/KER
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