Lorsque la passion ne suffit pas...
Confession : je suis un fan de Beau Dommage. Mon amour pour le groupe remonte aussi loin qu’à la parution du premier disque, en 1974. Comme il est de bon ton depuis quelques années de dénigrer le groupe - et tous ceux et celles qui osent avouer aimer Beau Dommage - je vous laisse le champ libre pour vous payer ma tête.
Donc, je me suis tapé la lecture de l’espèce de biographie que Robert Therien a consacré au groupe et intitlé «Beau Dommage - Tellement on s’aimait». Ce livre aurait dû être bon ; après tout, Robert Therien est non seulement un érudit de la musique au Québec, mais aussi un passionné. Malheureusement, ce livre souffre d’un mal de plus en plus répandu aujourd’hui : l’absence d’un véritable travail d’édition. Je parle ici d’une relecture solide, d’une refonte du texte, d’une correction digne de ce nom, bref, un véritable boulot d’édition par quelqu’un d’expérience. Ça nous aurait évité toutes sortes de désagréments, à commencer par cette fâcheuse habitude de l’auteur de faire du Réjean Tremblay : du «name dropping» :
«J’ai cotoyé Elizabeth pendant plusieurs années alors qu’elle était réalisatrice à Télé-Québec.» (P.39)
«J’ai moi-même eu Pierre Guimond comme professeur de photographie.» (P.53)
«Guimond et des étudiants de son cours de photographie (dont mon ami François Bouchard et la réalisatrice Léa Pool...» (P.112)
Non mais, on s’en criss tu !
Autre fâcheuse habitude de l’auteur ; nous montrer qui lui, il connaît ça la musique :
«Il a été réédité en CD ; écoutez-le, il en vaut la peine.» (P.33)
«Il existe une compilation des Cailloux sur CD, écoutez-ça.» (P.106)
Non mais, on s’en criss tu de Donald Lautrec et des Cailloux ! Nous lisons un livre sur Beau Dommage !
Et je n’ose même pas vous parler des innombrables et inutiles répétitions (parfois mot pour mot) tout au long du livre. C’est pénible. Ou de l’oubli du nom de Réal Desrosiers sous une photo... Il n'est que le batteur du groupe après tout !
Mais le plus pathétique c’est sans doute lorsque l’auteur se met en tête de nous expliquer les chansons de Beau Dommage, avec le risque certain de déraper :
«Le coeur sur la corde raide est un reaggae théâtral...» (P.111)
Hein !?
«Alors que Tout va bien et Marie-Chantale ont une saveur plutôt country.» (P.111)
N’importe quoi !
Sans compter que l’auteur sombre carrément dans la fiction pour tenter d’expliquer ce qui aurait pu se discuter dans une réunion où il était absent. Il se justifie en écrivant :
«...Je suis quand même certain que chacune des ces phrases a été prononcée» (P.152)
On nage en pleine fiction dans une biographie ! Pas étonnant après de constater que de jeunes auteurs soient tenté par... l’auto-fiction. Bref, aussi passionné que soit Therien, son livre est mauvais et pas tellement à cause de Therien lui-même, mais surtout à cause de son idiot d’éditeur qui a refusé, pour une question de sous sans doute, de faire un vrai boulot d’édition avec ce livre, livre qui je le rappelle, aurait dû être une bonne biographie sur un très bon groupe. Mais il a fallut que Québecor (l’éditeur) en décide autrement. Tout ça pour mettre plus de sous dans les poches déjà pleines de PKP et de son empire... Misère !
«Beau Dommage - Tellement on s’aimait»
Robert Therien
VLB éditeur (dans les faits, Quebecor media)
ISBN : 9782896490769
CCR : en attente de classification
samedi 2 janvier 2010
Compte de mots - 02 Janvier
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire