mardi 17 février 2009

Compte de mots - 17 Février


Une histoire américaine, dieu en moins.




De par sa façon déroutante a raconter une histoire et à cause de l'absence d'un fil conducteur dans cette même histoire (du moins, au début), j'aurai dû détester le roman ; j'ai plutôt aimé finalement. Ce qui sauve la mise c'est l'humour de l'auteur - et la fin du roman - qui vient racheter les faiblesses générales du livre.

L'histoire est fort simple, mais un brin tordu : en 1969, dans une petite ville universitaire de la Californie, la famille Wright et quelques proches s'apprêtent à vivre une suite de bouleversements qui aura des conséquences graves dans le futur : c'est qu'un écrivain prometteur, de passage dans la famille Wright pour l'action de grâces, va «perdre» le manuscrit qui lui aurait permit de voir sa carrière d'écrivain enfin confirmé. À partir de là, le monde tranquille de cette famille tordue va s'effriter. La «perte» du manuscrit aura des conséquences dans la vie de tous les individus sur place pour l'action de grâce, même de pour l'unique narratrice du roman, Judith Denham (dit Denny), «amie» de la famille et surtout, secrétaire (et accessoirement) maîtresse du père.

Si l'histoire se déroule sur 30 ans, on ne sens pas le poids des années qui passe, pas plus que les changements - c'est qu'entre 1969 et 1999 il s'est passé beaucoup de choses dans la société américaine. Mais pas dans le roman ! Même les personnages n'ont pas l'air de vieillir. Mais l'auteur brosse tout de même un bon portrait sur la société et le moeurs d'une certaine intelligentsia universitaire et ce, même si son humour et sa description du milieu universitaire n'est pas aussi caustique qu'un David Lodge par exemple.

Il faut garder en tête que la traduction d'un ouvrage se déroulant dans la société étasunienne n'est pas toujours aisée ; les mots pour le dire manquent cruellement parfois. C'est le cas avec le roman de David Leavitt. Ainsi, les quelques renvois en bas de pages ne sont pas superflus. Mais traduire un «tv dinner» par un «plateau-télé»* c'est pas la trouvaille du siècle !

La fin surtout réserve une surprise. Je ne m'y attendais pas.


En résumé, c'est pas un grand roman, mais j'ai passé un bel après-midi en compagnie de la famille Wright et de sa narratrice, Judith «Denny» Denham


Le manuscrit perdu de Jonah Boyd
de David Leavitt
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Rouard
Titre original : The Body of Jonah Boyd
10/18 Domaine étranger
Paris, 2008 pour cette édition. 270 ages.
ISBN : 9782264044686
CCR : 112.r/LEA


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* pour les moins de 30 ans - ou pour nos lecteurs européens - un «tv dinner» était supposé représenter une avancée dans l'art de manger. C'est un concept qui est né aux États-Unis : un repas congelé et présenté dans une assiette d'aluminium et compartimenté : un compartiment pour les pommes de terre, un autre pour la viande, un autre pour un légume et un quatrième pour le dessert. Il suffisait de réchauffer le plat dans la cuisinière (c'était avant l'arrivé des fours à micro-ondes). C'est un plat qui se mangeait devant la télévision, d'où le nom de «tv dinner». Cliquer ici pour une photo d'un tv dinner...

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