mardi 17 avril 2007

Édito - 17 mars

Est-ce que nous travaillons trop et trop vite ?
Pourquoi cette question ? Dans mes nombreuses tâches comme archiviste, j’ai la responsabilité de faire parvenir au dépôt légal deux exemplaires des livres que nous publions* Hier, je reçois une lettre - bilingue - du dépôt légal d’Ottawa, m’indiquant que depuis le 1er janvier 2007, il y avait des modifications au dépôt légal. Bon, déjà que la lettre me soit parvenue trois mois et demi après l’entrée en vigueur des modifications dénote un manque flagrant de respect et de laisser allez épouvantable - mais ça, de la part du gouvernement, nous y sommes habitués. Alors pas de surprise.

Dans la lettre, on nous explique en sept (7) petites lignes la teneur des modification. Puis, juste dessous, la phrase suivante :
« Pour de plus amples renseignements,
nous conseillons au lecteur de consulter le
lien suivant
» (suit une adresse Internet).
Bon, déjà dans l’adresse, je décèle une erreur. Comme l’adresse termine la phrase, le fonctionnaire qui a écrit cette lettre a foutu un point (.) à la fin. J’ai assez d’expérience pour savoir qu’une adresse Internet ne se termine pas par un point. Encore là, pas de surprise car même en 2007, c’est encore une erreur courante (soupirs) ! Alors Je tape l’adresse dans Safari (je suis sous Mac OSX au bureau) tout en omettant le point final et... rien ! Safari ne parvient pas à trouver le serveur ! Je retape l’adresse en respectant les 55 caractères (un mélange de lettres, chiffres, barres obliques, traits d’union, points et le point final). Rien à faire, le serveur est introuvable. Je vérifie une autre fois - c’est tellement facile d’oublier un caractère - mais non, tout est là ! Je décide donc d’utiliser Firefox, même si j’ai des doutes. Et effectivement, je ne suis pas plus chanceux avec Firefox. À partir de là, je me pose toutes sortes de question :
- Se pourrait-il que le serveur du gouvernement soit « down » ?
- Un problème de compatibilité avec le MAC ?
- Les fureteurs ne sont pas compatible ?
- J’ai comme le goût d’un espresso - oups, c’est hors sujet ;-)

Je retourne la feuille pour lire la version anglaise et constate que l’adresse du site est identique (au point d’avoir répété l’erreur du point finale dans l’adresse) à l’exception d’un caractère, qui sert de code de langue. Dans l’adresse en français il y a la lettre « f » isolée par un point et un trait d’union (pour french) et en anglais, c’est la lettre... ben oui, vous avez deviné, la lettre « e » pour english. Je décide donc de taper l’adresse Internet en anglais (en me disant qu’une fois dans la page du site, je trouverai bien le moyen de basculer dans le site en français) mais ô surprise, le serveur est encore introuvable !

Pendant quelques secondes, je me retrouve en panne d’inspiration, ne sachant pas trop quoi faire. Puis, l’idée qu’il pourrait y avoir une seconde erreur (la première étant le point final) dans l’adresse Internet devient de plus en plus plausible. Et cette erreur se serait répercuté autant dans l’adresse en anglais qu’en français.
Je décide alors de lancer une recherche via Google. Et Google fut mon ami ; après avoir tapé deux mots contenus dans l’adresse et en faisant suivre des mots "dépôt légal", Google pointe exactement la bonne page. Et mon intuition était bonne :
1. il n’y a pas de point final dans l’adresse (première erreur)
2. il y a deux caractères de trop dans l’adresse inscrite sur le document papier (deuxième erreur).
L’erreur ? On avait ajouté dans l’adresse Internet du document papier l’extension gc (pour gouvernement canada) alors que dans l’adresse réelle, l’extension gc n’existe pas !

La saga aurait pu s’arrêter là - après tout, je n’ai perdu que quinze minutes ! Mais je n’étais pas au bout de mes peines. Comme la lettre indiquait que
« Pour de plus amples renseignements,
nous conseillons au lecteur de consulter le
lien suivant
»
je me disais que se serait une bonne idée d’en savoir un peu plus. Car avouons-le, les sept petites lignes du document ne disaient pas grand chose. Alors quel ne fut pas mon étonnement de constater que l’information dans le site Internet était identique au contenus de la lettre ! Identique au point d’avoir respecter exactement la même mise en page avec les points de formes, etc. !
Tabarn... Je me suis tapé tout çà pour rien ! Tout çà, sans avoir une miette d’information supplémentaire ! Grrrr !

Alors je relance la question du début :
Est-ce que nous travaillons trop et trop vite ? Pour moi il est clair qu’au dépôt légal :
1. personne n’a pris la peine de relire la lettre
2. personne n’a pris le temps de tester le lien Internet suggéré
3. personne ne s’est rendu compte que le site Internet était une copie conforme de la lettre - et que dans un cas semblable, on ne devrait jamais inciter les gens à se rendre sur le site Internet pour "de plus amples renseignements".

Pour moi, il est clair que quelqu’un au dépôt légal a travaillé trop vite. Beaucoup trop vite. Et c’est une « maladie » qui se propage partout, au nom de la sainte productivité : en son nom, il faut produire et encore produire (et toujours à moindre coût) même si en bout de ligne, le résultat est bâclé.

_____
* deux exemplaires au dépôt légal à Québec et deux autres exemplaires au dépôt légal à Ottawa. C’est la loi et nous ne pouvons nous y soustraire.

4 commentaires:

vieux bandit a dit...

Trop vite, peut-être. Mal, certainement. Je travaille en relecture et en traduction: as-tu idée le nombre de fois dans une journée où j'enrage de voir une niaiserie publiée? J'en reviens encore au respect, mais pour parler de respect, il faut que plus de gens se sentent insultés quand il y a un manque! Il y a aussi un manque de connaissances flagrant quant à l'utilisation d'Internet. C'est bien beau tout mettre sur un site, encore faut-il que ça serve à quelque chose (et qu'on puisse trouver le site!), et que quand on écrit "plus amples renseignements" on comprenne le sens de ce qu'on a écrit!!

Bob August a dit...

@ vieux
>Je travaille en relecture et en traduction: as-tu
>idée le nombre de fois dans une journée où
>j'enrage de voir une niaiserie publiée?
Je travaille avec des gens qui, comme toi, doivent corriger et relire - pour ne pas dire réécrire - de plus en plus de niaiseries, avec de moins en moins de temps pour le faire (faut pas dépasser les délais). Tout est fait de plus en plus vite (faut respecter les budgets). En bout de ligne ? des livres de plus en plus « ordinaires » (pour ne pas dire inintéressants), remplis de fautes. Pis on se fait dire pas la haute direction : bah ! pas grave, on corrigera lors d’une deuxième édition ou lors d’une réimpression... Vraiment, n’importe quoi !

vieux bandit a dit...

C'est quoi, la solution? Que les folles comme moi appellent les maisons d'édition pour se plaindre chaque fois qu'elles sont insultées par une coquille? J'achète plus de livres "anciens" que récents, alors j'avoue, je vois peu de coquilles. Par contre quand ma mère me prête une traduction faite vite d'un titre à trop gros succès (d'où la traduction en va-vite), je ca-po-te.

Je sais pas. Je ne veux pas virer dans la sempiternelle "c'est les jeunes le problème", mais je ne vois pas de changement à l'horizon - déjà, les gens de mon âge qui savent écrire sont rares! - et c'est pas l'école qui apprend aux enfants que ce qui vaut la peine d'être fait mérite d'être bien fait. Je fais ce que je peux avec le mien, mais quand il arrive à la maison pour me faire signer un texte corrigé et que je trouve 12 fautes que le prof (de 4e année!) n'a pas vues... je ne sais pas quoi faire. Oh, il trouve ça bien pratique, lui, une belle-mère traductrice, mais de là à *vouloir* faire un effort...

En entreprise, oh boy. Les patrons pensent que si un employé apprend "sur la job", c'est qu'il perd son temps. Pas le temps de se tenir à jour, alors j'imagine bien la pression pour produire, peu importe que le produit fini ait de l'allure ou pas (et puisque la plupart des lecteurs ne s'en rendront même pas compte...!). *soupir*

Bob August a dit...

>que ce qui vaut la peine d'être fait mérite d'être bien fait.
Savent même pas qui est Boileau... pas plus que les professeurs d’ailleurs...

>"c'est les jeunes le problème"
De mon point de vue de pigiste oeuvrant au sein d’une maison d’édition, le vrai problème c’est... l’argent ; tout est fait pour faire le plus d’argent possible et réduire les coûts - çà plait aux actionnaires.

>C'est quoi, la solution?
Je suis même pas certain de faire partie de la solution.

Oui, ton soupirs à la fin indique bien notre « état » d’insatisfaction et d’impuissance aussi.