jeudi 25 novembre 2010

Le loup dans la bergerie ? - 25 Novembre





«Hachette Livre signe avec Google».
http://www.google.com/intl/fr/press/pressrel/20101117_books.html

Cette nouvelle est passée inaperçu car personne (ou presque) n’a commenté cette entente historique entre Google et Hachette, pour «la numérisation, par Google, des oeuvres en langue française dont les droits sont contrôlés par Hachette Livre».

Voici «la» nouvelle. Je commenterai ensuite ;

«Hachette Livre signe avec Google.
Le premier groupe d’édition français et le moteur de recherche s'accordent pour la numérisation des oeuvres françaises du catalogue Hachette Livre indisponibles à la vente.
Hachette Livre et Google ont annoncé ce mercredi 17 novembre, lors d’une conférence de presse commune, qu’ils venaient de signer un protocole d’accord destiné « à fixer les conditions de la numérisation, par Google, des oeuvres en langue française dont les droits sont contrôlés par Hachette Livre ».
Cela concerne des milliers d’oeuvres, régies par le droit d’auteur français dont Hachette contrôle les droits et qui sont commercialement indisponibles, soit, selon Hachette Livre, « la grande majorité de toutes les oeuvres publiées à ce jour ».
L’objectif affiché est de donner une seconde vie aux oeuvres épuisées « tant au bénéfice des auteurs que des universitaires, des chercheurs et du grand public ».
Les deux partenaires soulignent que cet accord, qui intervient alors que la profession travaille à un amendement du Code de la propriété littéraire et artistique sur les œuvres indisponibles, a vocation à être étendu à tous les éditeurs qui le souhaitent.
Arnaud Nourry, P-DG d’Hachette Livre, précise dans un communiqué qu’il ne s’agit pas « d’un quitus donné à Google pour son comportement passé, mais d'un cadre permettant de repartir sur de nouvelles bases, équitables, équilibrées et respectueuses de nos droits et de ceux de nos auteurs ».
L’accord repose sur trois grands principes. D’abord, le contrôle de la numérisation des oeuvres : c’est Hachette qui détermine quelles sont les oeuvres épuisées exploitables en version numérique, celles-ci pouvant être proposées sous forme d’ebooks via Google Livres ou sous d’autres formes commerciales, comme l’impression à la demande.
L’idée étant de donner accès à des oeuvres indisponibles jusque-là, Hachette aura la faculté d’utiliser ces fichiers numérisés par Google pour les exploiter lui-même, et les libraires pourront intégrer ces ebooks dans leurs offres commerciales. Deux cas se présentent ainsi concrètement : Hachette autorise la numérisation et la diffusion en ligne de l’oeuvre, notamment sur la future plateforme d’ebooks, Google Editions ; Hachette autorise la numérisation de l’oeuvre par Google pour un usage limité à l’indexation et à la promotion et recevra copie du fichier pour ses propres usages non-commerciaux.
Enfin, Hachette Livre se réserve la possibilité de faire bénéficier les institutions publiques, telle que la Bibliothèque nationale de France, des oeuvres numérisées dans le cadre de ce protocole.»


Avant de commenter, quelques mots sur les futurs partenaires.

Sur Hachette Livre :
Hachette Livre est un groupe d'édition français. Créé en 1826, il fait partie de Lagardère Media, la branche médias du groupe Lagardère. Il est le premier éditeur en France, le deuxième en Angleterre et en Espagne, et le deuxième sur le plan mondial.
Il est devenu le premier distributeur de livres en France et dans le monde francophone. À partir de son Centre de distribution du livre (CDL) de Maurepas, et de ses centres régionaux à Nantes, Lyon et en Suisse, Belgique et Canada, il distribue environ 250 millions de livres par an. [2]

La centaine de maisons d’édition qui font partie du groupe publient plus de 17 000 nouveautés par an, dans une douzaine de langues, mais principalement en français, anglais et espagnol. Hachette Livre couvre tous les segments de l’édition grand public : fiction et essai, livre de poche, jeunesse, illustré, guides de voyage, scolaire et parascolaire et fascicules. Hachette Livre est basé à Paris, France. [1]


Sur Google Livres :
Google Livres compte aujourd’hui plus de 15 millions de livres venant de plus de 35000 éditeurs et 40 bibliothèques à travers le monde. [1]

Google a déjà numérisé en six ans 12 millions d’ouvrages sans l’autorisation des éditeurs et contre l’avis des ayant-droits et fait l’objet de poursuites judiciaires, notamment en France. [5]

Google Livres, ou Google Books en anglais, est un service en ligne permettant d'accéder à des livres numérisés. Anciennement appelé Google Print, le début de la numérisation des livres a été annoncé par Google en décembre 2004. Disposant de moyens considérables, cette bibliothèque virtuelle comptait plus de sept millions de livres en novembre 2008. Google numérise des livres provenant de nombreuses universités américaines et de tout horizon pour ensuite les diffuser sur ses serveurs. Droits d'auteurs obligent, certains ne sont que partiellement publiés. Pour le moment, les livres imprimés entre 1839 et 1922 sont rarement accessibles en entier pour les internautes basés hors des États-Unis. [3]


Quelques commentaires ;

- pour l'instant, il ne s’agit que d’un protocole d’accord destiné «à fixer les conditions de la numérisation, par Google, des oeuvres en langue française dont les droits sont contrôlés par Hachette Livre». Rien n’est encore fait, ni signée.

- la numérisation des oeuvres ne concerne que le fonds «du catalogue Hachette Livre indisponibles à la vente» ; on ne parle pas ici du plus récent titre. N’empêche, il peut tout de même s’agir d’une oeuvre récente : un livre publié il y a deux ans et aujourd’hui épuisé, serait susceptible d’être numérisé par Google (avec l'accord de Hachette). Vous pensez que cette situation est assez improbable ? Think again! comme dirait l’autre ; c’est assez courant en fait.

- L’objectif visé ici est de «donner une seconde vie aux oeuvres épuisées». Parfait. Mais moi ce qui m’inquiète le plus, c’est la qualité de la numérisation ; il existe de nombreux exemples de mauvaises numérisation de livres.

- «l’impression à la demande» (en anglais POD ou Print on Demand) pourrait être une option pour ceux qui préfèrent le livre physique, plutôt que son équivalant numérique. Mais là encore se pose la question de la qualité ; voulons nous vraiment un livre mal «photocopié» parce que mal numérisé ? Parce que le POD ce n’est rien d’autre qu’une copie du livre numérisé et imprimé sur une presse... numérique ! Et ne venez pas me dire que si c’est du numérique à numérique, il ne peut y avoir une perte de qualité ; je vous répondrez que si, c’est possible - et même probable [4].

- «Hachette aura la faculté d’utiliser ces fichiers numérisés par Google pour les exploiter lui-même, et les libraires pourront intégrer ces ebooks dans leurs offres commerciales». Moi je veux bien, mais quel format : PDF ? e-Pub ? fb2 ? pdb ? HTML ? Est-ce que je pourrais lire mon livre sur un Kindle (azw) ? Le format sera adapt pour le iPod touch/iPhone ?


Pour l'instant, beaucoup de questions et bien peu de réponses. C'est un dossier à suivre. Et plus près de nous, il serait important de suivre le projet de loi C-32 au fédéral, projet qui risque d'avoir des répercussions importantes et désastreuses dans l'édition en général mais surtout, dans le monde de l'édition scolaire.

Une bonne nouvelle pour terminer ? ben oui, Noël c'est dans un mois ;-)


________________________
[1] http://www.google.com/intl/fr/press/pressrel/20101117_books.html
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Hachette_Livre
[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Google_Livres
[4] prenons par exemple un fichier sonore MP3 encodé au maximum de sa qualité ; rien ne m’empêche de sauvegarder ce même fichier sonore, pour en faire une copie, avec un encodage de piètre qualité. Et bien c’est la même chose avec le livre.
[5] http://www.site-internet-bordeaux.com/?p=292


3 commentaires:

vieux bandit a dit...

http://www.cultureequitable.org/

C'est le lien que Copibec a fait parvenir à ses membres au sujet du projet de loi C-32.

Anonyme a dit...

Je reviens de Bookcamp Montréal (http://bookcampmontreal.org/). Le sujet de la loi C-32 a été évoqué ainsi que la numérisation des titres épuisés, le rôle de l'éditeur dans le numérique et celui des libraires, entre autres choses. L'arrivée du numérique pose beaucoup de nouvelles questions. À nous d'y réfléchir pour prendre les bonnes décisions pour un avenir de la littérature.

Bob August a dit...

@Vieux
Je vais lire ça dans quelques minutes - le temps de lire les commentaires ici... Un gros merci.

@carnetsnoirs
Il n'y a pas que du mauvais dans C-32 ; c'est dans la façon de faire que nous sont contre.