dimanche 11 janvier 2009

Compte de mots - 11 Janvier

Le rapport de Brodeck




Quelle belle histoire. Touchante. Bouleversante. Une histoire sur le devoir de mémoire. Une histoire sur la vérité, le mensonge, les hommes, la guerre et même, sur l'amour de jeunesse qui se poursuit bien au delà des ans.

«Cela raconte beaucoup de choses une rivière,
pour peu que l'on sache l'écouter. Mais les gens
n'écoutent jamais ce que leur racontent les
rivières, ce que leur racontent les forêts, les
bêtes, les arbres, le ciel, les rochers des
montagnes, les autres hommes. Il faut pourtant
un temps pour dire, et un temps pour écouter.
»
(p. 399)


Ce roman aurait pu être qu'un autre livre sur l'horreur des camps, sur la 2e guerre, les nazis, les juifs. Mais le roman et son auteur vont beaucoup plus loin, ne serait-ce qu'en omettant de dire (ou plutôt, d'écrire) le nom des méchants, des persécutés. En omettant même de nommer le pays ou l'action se déroule.

Chargé par la population d'écrire un rapport sur les «événements», Brodeck profite de la rédaction de ce «témoignage» pour se souvenir : son arrivé tout jeune dans ce village, l'amour, la guerre, la déportation, la vie dans le camps, son retour au village - d'où il n'était plus attendu. Village et villageois qui ne sont pas tout à fait innocent.
C'est un roman tout en finesse qui dit les choses sans les nommer directement.

«Vivre, continuer à vivre, c'est peut-être décider
que le réel ne l'est pas tout à fait, c'est peut-être
choisir une autre réalité lorsque celle que nous
avons connue devient d'un poids insupportable ?
»
(p. 384)

Le rapport de Brodeck est un roman universel sur l'amour de la vie, sur la fidélité du coeur, sur l'humanité. À lire, absolument.


Le rapport de Brodeck
Philippe Claudel
Stock, paris, 2007. 400 pages
ISBN : 9782234057739
CCR : 121.r/CLA


3 commentaires:

Grominou a dit...

Je l'ai lu cet automne, j'ai vraiment beaucoup aimé moi aussi! L'écriture est très évocatrice.

Anonyme a dit...

En lisant le titre, je me suis dit "ah c'est lui que j'ai croisé hier!"... eh oui, j'ai croisé un homme qui se parlait tout seul, disant que ce n'était pas lui, qu'il n'avait rien fait, qu'il y avait méprise... Je me suis éloignée pour ne pas qu'il veuille me le prouver!

Bob August a dit...

@ Grominou
on se l'arrache au bureau en ce moment ;-)

@ vieux
C'est le coté le moins reluisant de la misère : la solitude...