Un libraire d’exception ne fait pas nécessairement un écrivain de talent.
J’ai fais ma B.A. pour la semaine ; je suis passé à travers le très mauvais livre d’Henri Tranquille «1984 - Les gens du livre». Ce journal, constitué de notes prises au jour le jour tout au long de l’année 1984 par le célèbre libraire, est d’un ennui, mais d’un ennui... Dans son «journal», le libraire nous fait part, à travers des longueurs et des noms périmés, de ses réflexions sur presque tout, mais pas assez souvent sur les livres. Pour un journal «...portant particulièrement sur le monde des Lettres au Québec» (dixit la C4 du livre), il est drôlement question de télévision, de journaux et de potins. Dommage car l’homme était vraiment un être d’exception :
«C'était un homme flamboyant, un diffuseur extraordinaire de la littérature. Sa librairie était fréquentée par tout ce qu'il y
avait de personnages littéraires et politiques de l'époque».
- Yves Gauthier (son biographe).
Car libraire il le fut, plus que tout autre ; de 1937 à 1975 il a été à la tête de la «librairie Tranquille», rue Ste-Catherine. Difficile d’imaginer aujourd’hui ce que ça représentait d’être libraire au Québec, pendant les années noires où le clergé avait la main mise sur la circulation des livres. Ainsi, en 1948, les 400 exemplaires du Manifeste du Refus global furent mise en vente chez Tranquille (ce qui ne faisait pas l’affaire du clergé). En 1950, la librairie a souligné le centenaire d'Honoré de Balzac et ce, malgré l'interdiction du clergé catholique de l’époque.
Grand lecteur, il était aussi un passionné des jeux de dames et d’échecs - jeune adolescent, j’ai appris à jouer aux échecs avec son livre «Voir clair aux échecs» (cadeau de ma mère). Plus tard, j’ai perfectionné mon jeu avec «Échec et mat par les noirs» (aussi un cadeau de ma mère). J’avais encore ses livres dans mes bibliothèques il y a un an à peine. Faute de place - et d’intérêt - j’ai finalement donné mes livres.
En 1999, Henri Tranquille est fait Chevalier de l’Ordre national du Québec. Il meurt en 2005, en plein Salon du livre - quelle ironie ! - alors qu’il avait encore mille projets en tête.
Un libraire d’exception et un homme passionné par le livre qui «Pour des générations de lecteurs, d’étudiants et d’auteurs, Henri Tranquille fut non seulement un libraire, mais aussi un conseiller, un mentor, un homme de lettres et un lecteur accessible et passionné, orienteur de maintes carrières littéraires, éditeur à ses heures, écrivain et animateur de la vie culturelle».
Suzanne Couture et Julie Fecteau,
description du fonds Henri Tranquille (P.11) dans
«Répertoire du fonds Henri Tranquille»,
Université de Sherbrooke, août 2006.
Henri Tranquille
«1984 - Les gens du livre»
Édition du Méridien, 1990. 211 pages
ISBN : 2920417835
CCR : 111,1.j/TRA
2 commentaires:
Eh oui, ce n'est malheureusement pas la matière qui garantit le résultat. Et c'est bien dommage, car chacun de nous a au moins un bon livre en lui. Tu connais peut-être Entretiens sur la passion de lire, le livre dans lequel Tranquille raconte sa vie à Yves Beauchemin sous forme d'entrevues, c'est intéressant. Le Québec a tellement changé en relativement peu d'années...
Non, je ne connais pas du tout ce livre. Encore un autre à mettre à ma liste... J'ai appris cependant, en allant faire un tour du coté su dite Internet de l'UdeS (université de Sherbrooke), dans le répertoire du fonds d'archives de Henri Tranquille, que ce dernier avait entretenu une longue correspondance avec Yves Beauchemin.
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