mardi 19 mai 2009

Rentrée littéraire 2009 - 19 Mai



Photo de l'auteur.


Je me suis quasiment étouffé en lisant ceci :

«Textes rendus, pré-programmes des éditeurs quasiment prêts, noms qui circulent : on a maintenant une image assez claire de ce que sera la prochaine rentrée littéraire. »

Quoi ! nous ne sommes qu'à la mi-mai, il fait froid comme si nous étions en mars et on nous parle déjà des noms de la rentrée littéraire de.... septembre-octobre 2009 ! C'est quoi l'intérêt ? ça tue l'idée de surprise, non ?

Lecteurs-lectrices soyez avisé que chez Grasset, il y aura « dix roman français dont deux block-buster ». Euh, block-busters, c'est pas de l'anglais ça ? Et c'est pas quelque chose que l'on applique au cinéma (principalement le cinéma américain) ? Je pensais que nous parlions de la prochaine rentrée littéraire en France...

3 commentaires:

mélissa a dit...

marre de ces rentrées littéraires calculées.
voir une petite vidéo qui circule. le sabotage de la rentrée littéraire 2009:
http://www.dailymotion.com/video/x94f80_ma-vie-ratee-damelie-nothomb_news

le livre s'appelle Ma vie ratée d'Amélie Nothomb.

Anne Percin a dit...

le ponpon c'est que dans cet article de Rue 89 que vous citez, le journaliste (?) conclut en disant qu'il vient de trouver la perle rare, LE livre dont il faudra parler à la rentrée, et qui est... la réédition d'un roman (traduit de l'américain) paru en 1994. Bonjour la fraîcheur...
signé : une pôv'crivaine, perdue sous l'avalanche de la rentrée 09 :-(

Anonyme a dit...

Le Rapt (Fayard)
Anouar Benmalek signe un chef-d’œuvre : Crime et châtiments
(El Watan, 27 juillet 2009)

Les histoires de haine finissent mal en général. Celle que nous offre Anouar Benmalek encore plus. Il y a du Dostoïevski chez l’auteur du Rapt, l’humour en plus. C’est un livre qu’on a la chance d’avoir entre les mains qu’une fois tous les dix ans. La dernière œuvre d’Anouar Benmalek est d’une rare puissance. On y pénètre hilare, on y reste le cœur serré, stressé, et on en sort complètement retourné.



 L’écrivain algérien le plus talentueux depuis Kateb Yacine nous kidnappe dès la première page. Chaque livre de l’auteur d’Ô Maria est un évènement, celui-ci est un condensé de tout son art. Il y retrouve son Algérie et nous y perd, à notre grand bonheur et malheur. Ça commence comme dans un sketch de Fellag au meilleur de sa forme (la scène de l’otage au pantalon blanc est suavement absurde, loufoque). On se prend à culpabiliser de rire de nos malheurs. Et à ce jeu, Anouar Benmalek n’a pas son égal pour décortiquer la société algérienne. Les puissants et les petites gens en prennent pour leur grade. Les grandes lâchetés et les petits compromis, comme des plaies jamais cicatrisées, sont de nouveau ouvertes par un chirurgien ivre d’une Algérie prise en otage par les barbus, même ceux au visage glabre.
Et comme le passé ne meurt jamais, il s’invite toujours à l’improviste et phagocyte le présent. Une guerre ne finit jamais, elle continue de faire des victimes un demi-siècle plus tard. Anouar Benmalek convoque la guerre d’indépendance à se joindre à l’actuelle. Le résultat est détonant. Plantons le décor. Aziz, quadra désabusé, revenu de tout sans être allé nulle part, voit sa vie basculer quand sa fille est enlevée par un étrange ravisseur. La mort est insatiable, elle demande de plus en plus de victimes. Et quand la revanche aiguise son appétit, elle devient ogresse. Elle exige sa part.
Anouar Benmalek laisse exploser son talent pour sonder l’âme humaine, ses petitesses, mais aussi ses actes de bravoure, et dépoussiérer l’histoire officielle. Melouza mon amour, Melouza ma honte. Dans un appartement étouffoir, rempli de secrets, un ravisseur, au pouvoir de vie et (surtout) de mort, choisit l’agneau d’Abraham. A tour de rôle, les habitants deviennent prisonniers de ses caprices, mais aussi de leur passé. Le personnage de Mathieu (beau-père d’Aziz), ancien militaire français resté en Algérie après l’indépendance, est très touchant. Qui est Mathieu ? Un homme lâche d’un courage inouï. Un homme qui apaise son passé en rendant l’avenir possible pour sa petite-fille. Le Rapt est un livre majeur, d’une rare puissance dramatique. A lire d’urgence.
Le Rapt, Anouar Benmalek, Fayard, 2009
par Rémi Yacine